Cette idée sest construite dune part sur lantagonisme
factice du discours entre réforme et révolution, présentés
comme deux choix opposés. Alors que ce ne sont pas deux choix, mais deux
réalités distinctes qui ne sopposent pas.
Et dautre part elle sest construite sur les arguments avancés
par les bolcheviks pour participer au Congrès de Tours en 1921 afin « dorganiser »
la division de la gauche contestataire du capitalisme, et par là même
diviser le mouvement ouvrier et démocratique .
Ainsi on trouve dun côté ceux qui avaient approuvé la révolution russe de février 1917 mais avaient refusé sa confiscation en octobre, de lautre ceux qui donnaient leur soutien total au bolchévisme dans l URSS naissante.
De même on trouve dun côté ceux qui croyaient encore
en l indépendance de la 2ème internationale social- démocrate
crée par Engels à la fin du 19ème, de lautre ceux
qui acceptaient la 3ème internationale communiste promue par Lénine.
Oppositions apparemment sérieuses et circonstances difficiles. Les choix
nétaient pas simples.
En effet la 2ème internationale des travailleurs avait entériné sur demande de Marx, après la mort de lAIT en 1876 du fait de Marx, lexclusion définitive des anarchistes, et avait accepté la guerre mondiale. Cette exclusion a-t-elle facilité historiquement lacceptation de la guerre ?? Cest une hypothèse qui na jamais été prise au sérieux.
Tandis que la 3ème Internationale qualifiée de communiste, entérinait une « révolution confisquée » (1917), sans le reconnaître ou sans le savoir pour certains, le bolchévisme était présenté comme le stade supérieur de la démocratie, à savoir le centralisme démocratique, qui soumettait cette dernière à un parti unique despotique.
Ce fut la première fois que la Démocratie, conquise au 18ème,
contre labsolutisme, encore dans sa phase de construction et délaboration,
était reléguée au stade dune conquête historique
bourgeoise et non pas dune conquête pour lhumanité.
Cest de cette façon dailleurs que seront considérés
« les droits de lhomme », le droit des peuples à
disposer deux-mêmes
., la notion du droit égal pour
tous.
Le bolchévisme, du point de vue de ses promoteurs, était lexpression russe du communisme qui se construisait mais en commençant par le « capitalisme dÉtat » reconnu par Lénine.
Rien de tout cela nest convainquant.
Lextrême gauche peut se déduire, historiquement, de ce qui
précède comme étant pour la révolution russe bolchévique
(révolution confisquée), contre la social-démocratie de
la 2ème Internationale condamnée au réformisme (grand thème
du Congrès de Tours) , mais pour un communisme destructeur de la
démocratie ( alors quelle aurait pu être pour son approfondissement)
, et contre le « droit bourgeois » et le droit en général.
Est-on sûr quelle se voit ainsi ?
Lexpression sera utilisée dans le discours politique pour désigner ceux qui « à gauche » ne font aucun compromis et saffirment résolument contre le système capitaliste, avec lidée quon ne peut rien y obtenir de positif. Son combat ne serait quun combat contre le système, ou pour faire reculer un gouvernement, mais pas un combat pour gagner sur une revendication ou un mieux être : cest ici que se situerait le rejet du « réformisme ». Mais cette opposition est stupide dans son énoncé.
Le réformisme serait, pour lextrême gauche, au mieux le combat quotidien perdu davance pour défendre la cause des travailleurs, au pire une « idéologie » de refus de combattre le système, donc une collaboration avec ce dernier . Pourtant le combat pour se défendre ou acquérir un mieux être est non seulement une obligation pour vivre, mais peut ouvrir la voie à un changement radical dans la société telle quelle est : lécole publique laïque, la sécurité sociale, lhôpital public, une médecine publique (qui ne sera jamais le cas de la France), les congés payés...
Comme pour discréditer le combat journalier dit réformiste, une
partie de la gauche, les marxistes, ont considéré quil nest
pas possible de continuer à vivre et daméliorer le sort
des ouvriers dans le système capitaliste. Il faut avant tout, est-il
clamé, en finir avant tout avec le capitalisme, dans un combat dit révolutionnaire,
cest à dire qui passe par la révolution, en considérant
quelle (la gauche) en est porteuse mot dont on ne connaît plus le
sens.
On le connaît dautant moins que la grande révolution russe
des soviets de février 1917 a été confisquée, ce
qui est évidemment nié avec véhémence.
Cette extrême gauche aurait donc pour but dorganiser les ouvriers et leurs alliés en vue de la prise du pouvoir contre la bourgeoisie. Par qui ? Les partis qui représentent ces derniers, ceux se réclamant du marxisme ? Dont le prolétariat ? Une coalition de partis ? Par quelles méthodes ? Le parlementarisme ? La lutte armée ? Linsurrection populaire également confisquée ? La notion de peuple étant rejeté ?
Pour quels objectifs ? Ceux dun programme politique ? De qui ?
En vue de la saisie de tous les moyens de production, pour produire autrement
ou avec dautres objectifs, et de créer (dans le discours) une société
communiste pour le bien du genre humain.
Tout cela se résume à des discours, tandis que la lutte conséquente
pour la défense de lhôpital public, par exemple, ne parvient
pas à être organisée par les tenants de ces discours.
Ny a t-il pas finalement quune opposition purement factice, entre tous ces points de vue, et entre des hommes (essentiellement des hommes) qui ne cherchent que le pouvoir ?
Où se situe ce quon appelle le combat révolutionnaire et celui qui ne le serait pas ?
Il y eut pourtant un combat historique né de la lutte spontanée
des ouvriers, dans les pires conditions du 19ème siècle par exemple,
pour créer des syndicats, obtenir le droit de grève, la hausse
des salaires, la journée de 8h , les congés payés..etc
Ils ont obtenu des avancées considérables, certes toujours mises
en question et parfois difficiles à sauvegarder, dans la société
telle quelle est, cest à dire inégalitaire, violente
et capitaliste. Ces avancées furent réelles et ont transformé
la société.
On a vu par ailleurs historiquement où a mené le combat des bolchéviks pour arracher les moyens de production à la bourgeoisie, si tant est que les objectifs de ce combat nont pas muté en cours de route : les organisateurs de ce combat, très majoritairement des hommes (ce fut un combat dhommes), ont tous sombré dans la passion du pouvoir, la passion du discours, le refus et labandon de la démocratie dite instrument du pouvoir bourgeois, la dictature dun parti unique, le rejet de la démocratie à la base, le rejet de la libre critique et confrontation des idées, et le combat des chefs entre eux..
La question « réformisme » ou « révolution »
na été en définitive posée finalement qu
abstraitement surtout après la première guerre mondiale, comme
si lun était opposé à lautre. Elle a été
débattue par Jaurès, avant quil ne soit assassiné.
Il trouvait lopposition absurde. Après la guerre, la question a
donc servi à alimenter la division pour faire le Congrès
de Tours, on la dit.
Les bolcheviks ont expliqué que la guerre naurait pas eu lieu si
lopposition à la guerre, avait dominé les socialistes en
Europe, et ont fait pesé la responsabilité du vote des crédits
de guerre sur les sociaux démocrates majoritaires collaborateurs de la
bourgeoisie dans les parlements. Cest en effet une question importante
de savoir pourquoi une majorité de députés sociaux démocrates
sont devenus chauvins au moment du vote des crédits de guerre !
Le rejet des anarchistes ?
La réponse à cette question a mis en question la démocratie « bourgeoise » en tant que telle, et non pas labsence ou la faiblesse du combat pour lapprofondir au bénéfice des salariés et de toute la société: pourquoi les députés sensés défendre la cause ouvrière se sont fait acheter pour défendre le principe de la guerre ? Pourquoi lensemble des partis sociaux démocrates nont pas mené un combat dampleur, comme le souhaitait Jaurès, contre la guerre ?
La 3ème Internationale, dite communiste (lIC) qui devait jeter
les bases de nouvelles sociétés justes et plus démocratiques,
se transforma pourtant en chien de garde contre les mouvements démocratiques
dans les pays soumis cherchant une voie démocratique : ex La Palestine
où le PC juif, qui cherchait la voie dune perspective unitaire
avec les arabes, fut cassé par la direction de lIC à Moscou.
Celle-ci na nullement cherché la rupture avec le capitalisme, mais
son objectif premier fut de défendre lexistence de lURSS
à tout prix.
La guerre de 1914 ne sest pas transformée en révolution en Occident de louest, mais a donné lieu, seulement en Russie, à la révolution de février 17, qui est tombée sous la férule de la dictature bolchévique en octobre.
Donc lénoncé selon lequel on ne peut rien conquérir dans le capitalisme est inexact. Est caché derrière cet énoncé la question de la prise du pouvoir qui est indépendante de lantagonisme « réforme/révolution »
De plus la guerre elle-même et ses suites vont permettre des avancées
sociales (surtout la 2ème guerre mondiale) malgré le caractère
de barbarie de la guerre elle-même, aussi paradoxal que cela puisse paraître
(focalisation des peuples sur le nationalisme
) tellement les Grands de
ce monde eurent peur de perdre le pouvoir.
Les dirigeants de la société capitaliste, dans les pays occidentaux
ont vite compris quil leur fallait travailler pour la paix sociale pour
éviter le chaos social ; mieux, ils ont compris quil leur
fallait trouver des alliés dans les rangs de ceux qui combattaient contre
la société. La meilleure invention quils ont trouvée
fut « la société de consommation » quils
opposèrent à la société communiste despotique ;
certes ils la construisirent au détriment dune production saine,
au profit d une production industrielle standardisée, qui a mis
en cause gravement la santé et lenvironnement ; au détriment
dune instruction et dune culture de haut niveau sauf pour les classes
aisées ; au détriment dune conscience de la justice
universelle ; au détriment des droits de lhomme, en appuyant
fortement sur les nationalismes etc
et ils ont gagné incontestablement,
dautant quils ont laissé la médecine faire des progrès
relativement pour tous. Cest Keynes qui a vu clair dans tout cela.
Pourtant les opposants au système, et les communistes organisés
tentaient toujours de justifier leur prise du pouvoir par limpossibilité
de conquêtes sociales dans la société capitaliste !
Profitant de la rupture sociale de février 17, ils ont pris le pouvoir
par les armes et ont appelé cela « révolution»,
travestissant ainsi et subtilisant à leur profit « février
17 ».
Avec comme étendard : la dictature du prolétariat, le rejet systématique de la démocratie bourgeoise comme si celle-ci navait pas été une conquête démocratique pour lensemble de la société, le rejet de la propriété bourgeoise des moyens de production, associée mensongèrement au rejet de la petite propriété paysanne et de la révolution paysanne authentique.
Cest en agitant le souvenir des révolutions sociales populaires
spontanées intervenues au 19ème , 1830, 1848, la Commune
de Paris, en Russie 1905, février 1917, que les bolchéviks ont
construit la dictature par la lutte armée, en appelant celle-ci « révolution ».
A la suite de cette lutte armée, dans tous les pays non occidentaux,
les tentatives populaires de révolution sociale, à loccasion
souvent du combat pour lindépendance, venues de la paysannerie
et du petit peuple ( Chine 1949, Cuba 1959, Algérie 1961, Indochine 1947,
Vietnam, Cambodge, Ethiopie
.Mali, etc), ont toutes été confisquées
par des « révolutionnaires » au nom du marxisme
pour produire des dictatures, dont lune des pires fut celle de Pol Pot
au Cambodge.
Il sen est suivi une déconsidération totale de ce qui fut
intéressant dans lanalyse marxiste, pour le plus grand plaisir
de la société capitaliste.
-la lutte pour lamélioration du sort des ouvriers na jamais cessé, par les ouvriers eux-mêmes et par toutes sortes dorganisations dites réformistes ou non. Jaurès le premier disait que le réformisme était révolutionnaire
-les révolutions nont jamais été faites par des « révolutionnaires » mais par des classes sociales populaires diverses, sans demander lavis de personne
-la « lutte armée » présentée comme un moyen de la révolution sociale relève de lescroquerie pure et simple.
-la « dictature du prolétariat » relève
de la vision messianique de Marx sur le sens de lhistoire. Comme le disait
ironiquement Bakounine contre Marx au 19ème, cette dictature ne serait
que celle dun parti communiste à la solde de dictateurs.
Le prolétariat na jamais eu nulle envie, en tant que tel, de conquérir
le pouvoir central où que ce soit, ni la paysannerie : le mouvement
des soviets en 1905 et en février 1917 était un mouvement social
du peuple, où la paysannerie et les ouvriers étaient majoritaires
avec les artisans et petits commerçants, pour sapproprier, dans
des soviets élus, des pouvoirs à la base pour gérer dune
part la terre que les paysans avaient arrachée aux grands propriétaires,
dautre part gérer la production (occupation des usines), gérer
lapprovisionnement, gérer les transports, gérer lordre
dans les villes, gérer des fonctions de police
en attendant lélection
démocratique dune Assemblée constituante ! Dont évidemment
les bolchéviks ne voulaient pas, puisquils lont dissoute
en janvier 1918..
-De plus les prolétaires ne se rêvent nullement prolétaires à vie, bien au contraire, ils rêvent tous dascension sociale du côté des classes intermédiaires et de la bourgeoisie. Les prolétaires rêvent de ne plus lêtre, ils veulent précisément échapper à leur condition et non pas sanctuariser la fonction de prolétaire
-le parti bolchévik na pas été un parti douvriers, dont les chefs auraient été ouvriers.
-les soviets ne sont pas des organes de prise du pouvoir « du prolétariat », ils ne sont quun « contre pouvoir », un « double pouvoir » à la base ; cest pourquoi les bolchéviks nen voulaient pas et nen ont gardé que la « carcasse » et lidée dévoyée. .
-les mouvements doccupation des parlements, fréquents ces dernières années dans le monde entier (Islande, Sri Lanka, Equateur...etc ) ne sont rien dautre quun mouvement social à la recherche dun pouvoir à la base pour éjecter le pouvoir central, mais sans mise en place dun pouvoir prolétaire...
- la commune de Paris na jamais été une révolution
ouvrière, mais une révolution du peuple, ni 1905 en Russie, ni
février 17, ni 1949 en Chine,
La révolution de 1789 fut dabord une révolution paysanne
pour lappropriation des terres, et se développait en révolution
du peuple, et dune bourgeoisie éclairée.
-en finir avec le capitalisme ? Les communistes ont ils jamais voulu en
finir avec le capitalisme ?
Marx a présenté la grande industrie et lusine comme source
de tous les maux et de la pire exploitation. Mais dans le même temps,
il na jamais analysé que la grande industrie était le fondement
du capitalisme à bannir. Il aimait la grande industrie pourvoyeuse
de forces productives extraordinaires! Sa seule volonté était
de la faire gérer par les ouvriers. Cétait une question
de propriété. Il préconisait la prise du pouvoir sur la
grande industrie.
Il nenvisageait pas une société nouvelle sans la grande
industrie.
Il va même jusquà écrire que le capitalisme est la
civilisation la plus avancée à son époque.
Lénine de même voulait que lURSS devance le capitalisme occidental.
Cest la Chine qui réalisera ce rêve au détriment du
peuple et de la paysannerie (30 millions de paysans morts entre 1959 et 1963)
Donc quelle société veulent bannir les communistes et quelle
société veulent-ils construire ? Assurément pas une société
respectueuse de lécologie, sûrement pas une société
« traditionnelle » rénovée permettant de
produire de façon non industrielle.
-Cest la réflexion et lopposition à la société industrielle et ses méfaits qui a fait naître lécologie, et lidée dune société réellement nouvelle. Cette réflexion nen est quà ses débuts ; elle est tardive hélas, et nest pas le fait des marxistes, même si les écrits de Marx sur la valeur dusage, dans le Capital, auraient pu ouvrir un travail conséquent sur ce sujet .
-les révolutionnaires ne sont là, dans tous les cas, que pour
encadrer ou se saisir d un mouvement quils ne veulent pas voir leur
échapper, et en prendre le contrôle
Ces derniers nont voulu historiquement que le pouvoir
-Autrement dit, lexistence dune extrême gauche opposée à une gauche, certes en partie gagnée par le libéralisme économique, nest pas fondée. Cest un concept infondé.
-la discussion de fond devrait porter aujourdhui sur la fascination du « pouvoir » par les hommes essentiellement, et par largent : véritable drogue, selon Primo Lévi.
-Elle devrait porter sur la démocratie à construire, et le contrôle de tous les pouvoirs, de même que sur la nocivité de lindustrie à tous les niveaux, pour lavenir de lhumanité.
-Pour finir, que signifie la grande déclaration de LFI sur la nécessité
« den finir avec laristocratie des riches » ?
France Info le 12-8-25. Concrètement cela ouvre sur quelle action pratique ?
Absolument rien, si ce nest « Citoyens prenez les armes ! ».
Ces déclarations couvrent en réalité un « discours »
mais la volonté de ne rien faire.
Quelles sont les propositions concrètes pour faire supprimer des niches
fiscales pour les riches par le parlement. Est-ce fait ? Quelles niches
fiscales ? Il y en a une multitude. Quels combats sont proposés.
Les présupposés qui sont à la base de lidée
quil faut en finir avec le capitalisme sont fondés sur une critique
souvent juste du système, mais sur des perspectives erronées,
et la haine de la démocratie.
La suggestion dune rupture par les armes, pour accéder à
des zones inconnues, sans garde fou
où l'Histoire a montré maintes fois le caractère totalitaire
de ses nombreux protagonistes (Hitler, Staline, Franco, Mussolini, Mao, Pol
Pot..etc) nest pas acceptable, car nous avons lexpérience
de ces « zones ». Les millions de morts qui en ont été
les victimes sont là pour témoigner de leur violence si on en
doutait encore.
AMC août 2025
Ancien militant trotskyste de l'OCI, passé au PS, sénateur, puis député, grand orateur (à l'égal de Lambert qu'il a copié), Ego puissant jusqu'à la sottise ("je suis la République", comme jadis Lambert à l'OCI disait : "on est le prolétariat" d'où "on a le droit de se servir dans les caisses de la MNEF..".)
En fait Mélenchon est demeuré troskyste. : LFI est intégrée sans le dire au POI, et siège dans ses locaux, ceux de l'OCI.
Mélenchon se présente comme représentant de la future 6ème République, qui serait la plus démocratique qui soit. Il a élaboré avec ses amis un programme tout à fait acceptable pour une vraie gauche. On ne voit pas ce qui le différenciait il y a peu de la fraction gauche du PS.
Sous couvert d'intransigeance sur les principes, mais sans en discuter tous les fondements avec calme et sérieux, en vue d'aboutir à des positions unitaires efficaces, Mélenchon hurle le plus souvent son point de vue, sans en référer à qui que ce soit, et casse la possibilité d'unité et donc d'efficacité.
Il est parfois utile et justifié d'être seul, et de clamer un point de vue solitaire, sur des questions extrêmement graves, sur le fascisme, l'antisémitisme, le racisme....
Mais si l'on peut éviter d'être seul, sans compromission, c'est mieux.
Sa grande passion semble être qu'on le voit, LUI, avant tout. Et pour ce faire il privilégie la division avec ceux avec lesquels il devrait proposer une unité infaillible.
De ce point de vue son amour du pouvoir, et de lui-même, est-il compatible avec le combat pour la justice et la démocratie ?
2024
Nous n'avions pas coutume de parler de "l'extrême gauche". Elle nous interpelle aujourd'hui, car loin d'apporter des issues à une crise politique, ou des réponses à un manque de perspectives, elle nous semble entraver la voie vers ces perspectives, car elle n'a pas changé, elle fait du sur place et elle participe activement à la division; elle demeure profondément bolchévique dans ces analyses et son comportement, c'est à dire conservatrice, voire réactionnaire.
Nous ne reviendrons pas sur la façon dont Macron a été élu grâce, entre autres, à la politique de division prônée par Mélenchon, ex trotskyste, alors qu'il avait le charisme de pouvoir rassembler ce qui restait de bon chez les verts, et au PS autour de Hamon. Il a utilisé son charisme pour clamer la division et faire valoir son "moi, moi moi".
Faisons grâce au lecteur d'une critique de cet individu, mais signalons qu'il appelait encore récemment à une grande campagne contre les médias, principal ennemi !!! Alors que les journalistes, avec leurs défauts, sont les seuls à dénoncer les effets délétères de la grande finance, et des comportements des prédateurs capitalistes.
Les formations NPA, Lutte Ouvrière, POI, quantités négligeables en voix, mais capables de parler fort, ont ajouté la division à la division. On n'en attendait pas moins.
Il faut dire aussi que depuis septembre 2017, où les prédateurs sexuels sont enfin dénoncés massivement par les femmes, nous constatons qu'ils sévissaient partout où les hommes avaient du pouvoir, dans toutes les instances capitalistes, les appareils d'Etat, dans les instances culturelles sans exception (jusqu'à l'administration du prix Nobel), mais aussi dans tous les partis de gauche et d'extrême gauche, dans les instances dites communistes et trotskystes, à l'UNEF (ouaf !!).... partout. Le machisme tout puissant et impuni a naturellement mis la démocratie et la révolution sous le paillasson, pour mettre les jeunes militantes au lit.... Cela fait parti du désastre politique et de la gangrène qui impuissantent le peuple, les jeunes, et les femmes, les militants honnêtes dans la recherche du changement social.... à l'intérieur d'un chaos mondial où les "Bolloré" en tous genres pillent et détruisent les peuples et leur pays.
LE FAMEUX 10 MAI 1968.
(symbole de la trahison ou du dévoilement de ce que furent, quant au fond, les directions communistes et trotskystes)
Kirsner, alias Charles Berg, a écrit le 27-10-2015, un document intéressant à propos du 10 mai 1968
"
.. La dégénérescence de l'OCI
connaît un épisode quasi-historique que nombre de militants ont
oublié ou pas connu : le 10 mai 1968.
Lorsque le cortège de la FER sortant d'un meeting arrive au carrefour
Odéon - St-Michel, les affrontements entre les milliers d'étudiants
et la police sont déjà engagés. C'est l'affrontement de
la jeunesse contre l'État bourgeois. La FER est respectée dans
le milieu. Nous avons jusque là joué un rôle majeur. Sur
le terrain en participant à toutes les mobilisations étudiantes
et toujours, en mettant en avant la solidarité, le lien nécessaire
entre les étudiants et la classe ouvrière. Et notre influence
sur cette ligne et très importante : les dirigeants, les militants de
la FER sont reconnus, appréciés.
Claude Chisserey est le plus talentueux d'entre tous. Avec Christian de Bresson,
Georges, Jean, Didier, Nicole, Martin, Joëlle, les frères Serfati
et beaucoup d'autres il est à l'origine de la FER. Ce n'est pas rien.
Notre influence dans l'UNEF est considérable comparé à
nos forces militantes.
Stéphane Just ce soir décide que nous n'avons rien à faire
au Quartier Latin. Notre mot d'ordre " 500.000 travailleurs quartier latin
" est aux antipodes de " l'affrontement gauchiste " qui oppose
" quelques milliers d'étudiants aux forces de l'ordre ". Il
faut partir. Appeler les étudiants à dissoudre la manifestation
!
Il y a quatre membres du BP. Stéphane, De Massot, Xavier et Claude, moi
je suis membre du CC. Les trois membres du BP s'alignent sur Just. Claude et
moi sommes contre. Évidemment nous appliquons. En fait c'est Claude avec
son incroyable courage qui, fort de son autorité appelle à quitter
la manifestation. Il s'exprime avec d'autant plus de radicalité qu'il
est contre cette politique : les petits bourgeois doivent cesser de faire du
jardinage ! - il fait allusion au dépavage - et combattre pour la grève
générale.
Le lendemain matin réunion de la direction. Il y a des centaines de blessés.
Just est effondré mais maintient la Ligne. On a eu raison ! Lambert était
resté au congrès FO de sa fédération ( !) durant
3 jours !
Ce jour, cet épisode, est une catastrophe politique qui va nous couper
de dizaines, de centaines de milliers d'étudiants et jeunes travailleurs
! Et cette défaite pèsera lourd, pendant des années. Elle
nous a marginalisé, coupé des luttes culturelles, du féminisme,
de la lutte contre l'homophobie etc
Claude ne s'en remettra jamais. Ajoutons
que c'est à ce moment que notre politique s'est " militarisée
". Nous combattions les staliniens qui nous agressaient
. Etc etc
Berg fut calomnié dans l'OCI, dans les années 70, lorsque la direction décida de s'en défaire. A juste titre, car il était odieux, mais en fait il obéissait à celle-ci. Il ne valait ni plus ni moins pas mieux à l'époque que l'ensemble de la direction, dont Lambert. Mais une fois mis à la porte, il se mit à réfléchir et produisit plus de 40 ans après en 2015 ce texte très important.
Berg fait bien de nous rappeler le 10 mai 1968. Ce qui s'est passé ce
jour- là n'est pas une erreur de parcours, c'est une conséquence
logique de l'orientation de l'OCI. Mais cela a pris l'allure d'une catastrophe
en raison de l'importance que revêtait le mouvement social de 1968, entre
autres chez les étudiants. Les jeunes trotskystes y jouèrent un
rôle capital à l'époque, sur des bases saines qui échappaient
à la direction de l'OCI. Il y eût à ce moment-là,
en France, les éléments pour constituer un mouvement de type "conseilliste"
(ou soviétiste), exactement comme dans les pays de l'est qui se révoltèrent
également en 1968. Et ceci dans une situation où la jeunesse étudiante
commençait à faire la jonction avec les ouvriers, encerclés
ou enfermés dans leurs usines par la CGT...
Si le mouvement n'avait pas été cassé, si des conseils démocratiques avaient pris forme dans le milieu étudiant, bien des choses auraient pu avoir lieu, car cela aurait débordé vers le milieu ouvrier. Mais l'OCI qui avait accompagné le mouvement au départ, décida de le casser et joua le rôle du PCF.
On peut voir, dans cet évènement du 10 mai, la dégénérescence
de l'OCI, comme le dit Berg, mais celle-ci faisait partie intégrante
de celle qui avait eu lieu en URSS et dans tout le mouvement communiste.
L'analyse que fait Berg, ou Kirsner, du 10 mai 68 est donc insuffisante mais fort intéressante.
Le 10 mai constitue un tournant visible dans l'OCI parce que c'est la première fois que cette organisation est confrontée à un mouvement de masse où sa partie jeune s'y est investie totalement . Ce mouvement étudiant veut gagner et suivre sa voie, il veut bien se laisser diriger par des militants qui ont su gagner sa confiance : la FER (fédération des étudiants révolutionnaires) liée à l'OCI. On en est là au matin du 10 mai.
La direction de l'OCI n'est pas prête à suivre ce mouvement jeune,
révolutionnaire, mais pas nécessairement trotskyste, loin de là.
Ce qu'elle est historiquement ne peut pas, par définition, y adhérer
quant au fond. L'OCI est en effet, à peu de choses près, sur la
même ligne que celle du PCF: laisser le pouvoir à la bourgeoisie.
L'OCI avance l'idée du " gouvernement des organisations politiques
ouvrières, PCF, SFIO ", et d'un " comité central de
grève des syndicats ouvriers " où la CGT soit en tête
!
Elle est pour que le mouvement de masse soit brisé par les appareils
politiques traditionnels, staliniens en tête. Elle critique les staliniens
certes, mais elle analyse l'URSS comme un Etat ouvrier dégénéré,
et non comme un Etat qui a volé la révolution au peuple russe,
donc c'est, selon elle, un Etat qui peut être remis dans le chemin de
la " révolution " à la façon léniniste,
mais sans les soviets. L'OCI défend l'URSS par principe pour ces
raisons. Donc l'OCI ne veut pas d'un mouvement jeune qui la submergerait sur
sa gauche, par ses mots d'ordre, sa vision de la démocratie, sa vision
de la vie.
De la même façon que Lénine a fait la chasse en URSS, aux
soviets, aux socialistes révolutionnaires, à " l'opposition
ouvrière " qualifiée de gauchiste, mettant en danger "
la révolution ", celle des bolchéviks, l'OCI ne peut pas
accepter le mouvement révolutionnaire des jeunes à Paris en 1968.
La FER est beaucoup plus du côté des jeunes qu'elle n'est du côté de l'OCI. Celle-ci s'en rend compte sur les barricades en plein Paris. Ça n'est pas acceptable. La ligne politique de Just-Lambert qui consiste à ce que la FER se retire de la rue, est une ligne de longue date. C'est la ligne des trotskystes qui considèrent " qu'on n'est pas comptable de gagner mais de construire le parti ". Quel parti ? Le parti dit "d'avant-garde" léniniste ! qui éventuellement peut prendre les armes, pour faire écraser les ouvriers et les jeunes; ce n'est pas un parti de masse. Le mouvement réel des masses n'est que l'allumette qu'il faut éteindre. Le feu doit être maîtrisé par les révolutionnaires professionnels, en fait pour éviter tout mouvement autonome vers une forme soviétique, et où la forme soviétique a été aspiré et éteinte dans l'administration léniniste.
Le BP de l'OCI donne l'ordre de se retirer de la rue et des barricades. Les
étudiants sont livrés à la violence de la police. La FER
était leur protection.
Pas à un seul moment, l'OCI ne va appeler à des assemblées démocratiques souveraines pour aller dans le sens de l'autonomie des salariés et des jeunes.
Just est peut-être désespéré au lendemain du 10 mai, Chisserey aussi. Mais le BP avait imposé LA vérité, et il n'y a plus à réfléchir. On obéit. La FER qui collait à la jeunesse va disparaître. Il y a des blessés graves, suite à ce retrait, car la FER qui savait se battre est partie. Ceci sera qualifié de traitrise par tous les sympathisants de 1968. On ne s'en remettra pas mais qu'importe.
Le PC avait qualifié au départ la révolte étudiante " de hooligans, de voyous ". L'OCI va qualifier un peu plus tard ce mouvement jeune, de " gauchiste ". Cela aboutit logiquement à conforter l'appareil stalinien et la bourgeoisie, donc la politique de l'URSS. L'OCI veut apparaître comme étant crédible, au même titre que les appareils traditionnels, ce qui justifiera plus tard le commando grenoblois contre des militants présumés d'Action Directe devant un resto-U. Commando qui fera un peu plus détester l'OCI.
Berg est-il contre cette ligne ? Il dit que oui. Mais il n'a pas seulement
obéi, il était d'accord. A quelques temps du 10 mai, il vient
à Grenoble, toujours en mai 68, et anime un meeting où il déclare
qu'à la Sorbonne il y a un " phalanstère, c'est-à-dire
un bordel "
La moitié de la salle du meeting se vide
Berg non seulement confond les phalanstères de Fourrier avec les bordels
mais en plus qualifie les jeunes qui occupent la Sorbonne de prostitués
alors qu'il s'agit de jeunes qui sont dans la mouvance anarcho-libertaire; ceux
qui vont permettre ce bond culturel extraordinaire d'émancipation qui
caractérise 1968. Berg est d'accord avec le BP, c'est pourquoi il obéit.
Chisserey a obéi mais il s'est contrefait par discipline, lui, en effet,
il ne s'en remettra effectivement jamais. Il finira par se suicider en 1981,
13 ans après. L'OCI l'a acheté en en faisant un permanent; il
n'a plus de métier, Il ne sait plus rien faire. Il a perdu son amie,
il se mettra à boire. Il a tout compris sur l'OCI depuis longtemps. Il
ne le dit pas.
Berg a oublié ce qu'on n'a pas oublié. Il va devenir l'homme
de main de Lambert, avant que ce dernier ne s'en débarrasse. En effet
l'OCI perd des militants, perd des positions, décline, mais affirme qu'elle
peut directement se construire comme parti (d'avant-garde) sans transition par
des organes de masses. Du baratin. C'est la liquidation de CAO (comités
d'alliance ouvrière) où les trotskystes risquaient de perdre la
main comme dans la FER. L'OCI durcit le ton et se coupe des masses. Berg va
faire peur. C'est la ligne " Objectifs-résultats " dans chaque
cellule. " Tu t'es engagé à vendre 4 IO, la semaine prochaine
tu allonges la somme de 4 IO " ETC
.. Les militants vont payer de
leur poche ce à quoi ils se sont engagés sans pouvoir bien réfléchir.
Il s'ensuit un harcèlement financier et psychologique insupportable.
Mais c'est au service de la " révolution ". Des militants s'en
vont, d'autres restent et deviennent soit des potiches soit des arnaqueurs
Tout
l'appareil de l'OCI devient soupçonneux, stalinien. L'intelligence et
le savoir-faire de Broué sont transformés en leur contraire. Broué
devient l'apparatchik qui exclut les indésirables On ne réfléchit
pas, on applique la vérité qui vient d'en haut. Les méthodes
bureaucratiques ouvrent la voie à des méthodes de gangsters entre
ceux qui tiennent le BP, qui protège l'appareil et le fric.
C'est la reproduction en petit de ce que fait l'appareil stalinien partout.
L'OCI n'est rien d'autre qu'un appareil devenu stalinien. Heureusement pour
Berg qu'il a été exclu.
Berg, dans son article, fait du retrait de la FER, une faute politique. C'est
vrai mais c'est l'orientation de fond de l'OCI.
Ce qui ne manque pas de saveur est sa remarque sur le fait que l'OCI se soit
coupée de la lutte " pour le féminisme " du fait de
cette faute politique. Mais il y a participé activement. Il a initié
à Grenoble, pour le casser, un groupe de travail sur les luttes féministes.
Une fois un énorme travail accompli, il l'a condamné et a carrément
jeté le texte produit, avec violence. D'autres camarades disaient à
la même époque que " notre " rôle n'était
pas de faire dans le féminisme mais de construire le parti. Au nom de
cela, le principe cher au cur des femmes " La maîtrise de son
propre corps " par les femmes, était rejeté comme étant
petit bourgeois. C'est pourquoi l'OCI a sauté au dernier moment dans
le dernier wagon du train pour la lutte pour l'avortement
Quand Berg préconise de renouer le fil avec la révolution d'octobre . avec des méthodes douces, il avoue avoir conservé ses liens avec le léninisme.
8-6-2016 AMC alias Manuelle. Revu le 10 mai 2018
(Le gauchisme, c'est l'expression employée par Lénine pour
fustiger toute initiative qui ne vient pas du prolétariat, c'est-à-dire
du parti. Si l'on suit cette façon de voir les choses, tout mouvement
contestataire qui viendrait de la jeunesse, des femmes des handicapés,
des artistes, des artisans
est dit gauchiste ou réactionnaire car
hors prolétariat.)
Textes plus anciens:
La position qui consiste à se demander avec anxiété et
désespoir pourquoi les gens ne votent pas ou peu pour l'extrême
gauche, dans les élections parlementaires ou présidentielles,
aboutit à dire, en des termes particuliers, que ces derniers sont tellement
abrutis et achetés par le système, qu'ils préfèrent
voter encore pour la bourgeoisie.
Il faudrait peut-être se poser la question de savoir si l'extrême
gauche ne fait pas fausse route dans la présentation qu'elle fait d'elle-même
lors des élections.
Il semble en fait y avoir une incompréhension totale de sa part du ressenti
et de la pensée des citoyens en général, du fait d'une
analyse superficielle d'une part de ce qu'a été le discours procommuniste
pendant plus de 70 ans, d'autre part de ce qu'a été le communisme,
et enfin des attentes d'une majeure partie des citoyens..
Loin d'être dépolitisés la plupart des gens sont simplement "politisés" autrement, c'est à dire en termes non idéologiques.
Tout discours qui, aujourd'hui, introduit la perspective de "la révolution
et du communisme", qui explique ce qui se passe en termes uniquement de
" luttes des classes ", ou qui fait la critique du capitalisme en
ayant l'air de souhaiter mettre à la place le "communisme",
le vrai (!),sans le dire,
est un discours, éprouvé, directement
ou indirectement, comme un discours mensonger, ou au minimum illusoire.
Ce discours n'a plus aucun caractère mobilisateur, car, sans que l'analyse
en soit clairement faite, ceux qui écoutent ce discours dans les termes
indiqués, pensent que ce dernier est en contradiction à la vraie
politique, c'est à dire la lutte pour les besoins immédiats des
gens. Les partisans affirmés de la révolution ne croient en effet
généralement pas qu'il soit nécessaire de trouver une solution
de suite à ces besoins, ils reportent la solution à plus tard
.
au moment où la révolution aura imposé le système
auquel ils croient et auquel personne ne croit plus.
Avant la dite révolution, il serait en effet illusoire de tenter de se
battre pour préserver " son pré carré ", défendre
son gagne pain, surtout s'il s'agit de salariés non ouvriers ou d'autres
classes sociales assimilables au peuple. L'illusion de la classe ouvrière
toute puissante, au nom de laquelle la révolution serait faite, obscurcit
encore les perspectives des groupes de l'extrême gauche.
Le " discoureur " d'extrême gauche discourt tellement sur la
révolution et les illusions qu'il y aurait à croire possibles
des réformes, qu'il se présente aux législatives ou aux
Présidentielles pour discourir encore un peu plus, et non pas pour dire
" Voilà ce qu'on peut faire immédiatement
mais avec
vous. Nous y allons pour agir de suite.. ". Il justifie sa position de
refus d'aller au pouvoir en se moquant du parlementarisme bourgeois où
il ne veut pas se salir les mains. Il a pour partie raison dans son analyse
sur la nature du parlementarisme, mais il a tort quant au fond.. Il faut dire
au contraire qu'on veut aller au pouvoir, pour faire des choses précises.
La jeunesse a parfaitement senti ce qui précède. Elle n'emploie
plus les mots des marxistes, qui sont des mots couverts par la réalité
des goulags et de l'extermination ouvrière de type communiste. Face à
cela, il est de bon ton de dire que la jeunesse n'est plus politisée
ou mal politisée. En réalité, elle colle à ce qui
lui paraît juste et vrai. Elle préfère parler d'indignation.
Le refus de comprendre l'ensemble de ces problèmes participe hélas
à la montée du FN.
Il semble cependant y avoir eu des moments où tout était possible
:
-Besancenot quand il s'est présenté, lançait un
nouveau parti anticapitaliste qui n'était plus " la ligue communiste
révolutionnaire ". C'était annonciateur d'une mise en cause
radicale et de quelque chose qui ne s'est pas produit. De nombreux citoyens
ont attendu vainement que Besancenot gagne et veuille y aller.
Le NPA était en effet mille fois moins sectaire que tout ce qui a précédé,
mais la mise en question de ce qui fut dans le passé, n'était
pas au rendez-vous. Il ne s'est pas présenté comme quelqu'un qui
était prêt à aller au pouvoir, avec les citoyens, pour en
finir avec les mensonges et la corruption de la classe dominante, en finir avec
son système économique exploiteur et destructeur de la planète.
Or ce que les gens veulent, c'est qu'on ose y aller de suite..
Melenchon fut-il une occasion ? Son charisme de langage, et ses propos irrespectueux font du bien à entendre pour des citoyens excédés par le mensonge. Mais Mélenchon n'est pas clair sur tout un tas de choses dont l'euro, l'Europe et son passage au Sénat pour le compte du PS. Il se garde bien de critiquer la forteresse des féodaux du sénat.
Il faudrait qu'un candidat d'extrême gauche puisse dire : je me présente parce que je veux balayer ceux qui ont le pouvoir, je veux faire le ménage; je veux y aller avec une équipe et voilà les mesures que l'on pourrait prendre, mais avec vous, les citoyens de ce pays. Pour cela on vous demande de créer maintenant des commissions, des comités de quartier de toutes sortes pour nous dire ce que vous voulez, et pour nous contrôler. Voilà ce à quoi on s'engage, et on vous dira au fur et à mesure comment on compte le faire, et les obstacles qu'on rencontrera. On aura besoin de vous sans arrêt. Voilà ce qu'on pourrait dire, à titre d'exemple, dans des assemblées démocratiques appelées par "l'extrême gauche":
-Contrôle immédiat des capitaux aux frontières.
-Expropriation des banques. Réduction des banques aux seules banques
de dépôts
-Liquidation de la Bourse des valeurs
-Abrogation de la dette publique
-Contrôle immédiat de tous les comptes des citoyens à l'étranger,
et confiscation éventuelle.
-réévaluation de tous les impôts sur le revenu
-Interdiction de démanteler et fermer une entreprise à titre conservatoire:
comités d'usine pour protéger les entreprises du pillage par les
directeurs et patrons. Les salariés doivent se réunir librement
pour décider de l'avenir de l'entreprise
-Suppression du libre-échange avec les pays occidentaux et les pays du
tiers monde, pour la préservation de la production nationale ainsi que
celle interne aux pays du tiers monde
-Réduction des salaires mensuels du Président de la République,
des ministres, sénateurs et des députés à moins
de 10000 euros. Suppression de tous les privilèges.
-Suppression du caractère privé de la fortune et des privilèges
du sénat
-Mise à plat du fonctionnement et des privilèges de la Cour des
comptes, du Conseil d'Etat, du Conseil constitutionnel, du Conseil économique
et social
etc
-Préservation d'une vraie séparation des pouvoirs.
-Mises en place avec les citoyens, travailleurs, jeunes, de commissions locales,
départementales, régionales pour examiner le devenir de l'industrie,
de l'agriculture, de la santé, de la solidarité, de la justice,
du logement, de l'éducation, des transports
.de la monnaie, et de
la constitution. Conférence nationale de synthèse.
-Mise à plat du fonctionnement de la justice et de tous ses tribunaux
-Appel aux juges pour qu'ils proposent eux-mêmes leurs propres organismes
de contrôle
-Indépendance de la justice, mais contrôle indépendant de
la justice
-utilisation immédiate des logements vacants et commissions populaires pour les rendre utilisables en liaison avec tous ceux qui sont à la rue;
-Appel aux citoyens, travailleurs et jeunes de l'Europe à faire de même.
Mise en place de coordinations de solidarité
-Polices de quartier en relation avec des comités de quartier, de village,
de ville
-Mise à plat de tous les dossiers. Tous les obstacles seront rendu publics
: appel aux journalistes pour faire un vrai travail d'investigation en toute
liberté.
-Liberté pour les émigrés d'aller et venir dans notre pays: se loger, travailler, mettre leurs enfants à l'école
(Voir Médiapart, du 4-4-13: comment combattre la mafia de l'évasion fiscale)
La finance, les banques, l'évasion fiscale sont des aspects parmi les
plus assassins de la société, qui mettent bien en lumière
le caractère encore plus insupportable des faillites d'entreprises, les
licenciements, le chômage et la misère
Nous devrions avancer toute revendication qui paraît vouloir limiter de
façon évidente la criminalité financière. Notre
différence avec les autres : Ce que certains appellent les " dérives
", nous les appelons les " caractéristiques "du système,
mais peu importe. Notre indignation doit s'unir à celle d'autres, quels
que soient les objectifs des uns et des autres. C'est pourquoi nous devrions
être contre la libre circulation des capitaux, fondement de la mondialisation,
fondement des crimes de la finance, et je n'ai pas saisi pourquoi tu te refuses
à cela. Nous devrions être pour le protectionnisme, à titre
de transition, pour protéger les petites gens, la petite production,
la petite agriculture ; nous devrions être contre le libre- échange,
assorti de la libre circulation pour les seuls humains.
" Notre " grande différence avec le FN et les keynésiens, devrait être l'appel à gouverner avec des comités de quartiers, toutes populations confondues, contre les référendums du FN et contre les assemblées parlementaires rénovées des keynésiens. Et " nous " devrions nous engager là-dessus.
Pour l'instant, ce sont " les autres " qui se saisissent des aspects les plus insupportables du capitalisme, à propos de d la finance Pas " nous "( si on peut appeler le " nous " , les trotskystes du NPA)
J'ajoute que le refus de se saisir de la " morale ", sous prétexte de ne parler que de la " lutte des classes " (réflexe tout droit sorti de la bureaucratie soviétique), fait fi des exigences fortes des citoyens qui veulent des références explicites à la morale plus que jamais. Les obligations morales et démocratiques paraissent être aujourd'hui ce que les citoyens et salariés attendent de " réformes ", quand on les convie à devenir maîtres de leur propre activité.
On devrait vouloir des réformes sans savoir à l'avance si elles feront tomber le système ou non ; ce qui le fera tomber, ce sera l'activité des grandes masses et non le sens des mots.
De ce point de vue, dès à présent, le paiement des impôts sur le revenu et les sociétés, à égalité entre tous les citoyens, de quelque classes que ce soit, paraît être, et dans les circonstances actuelles, l'un des fondements d'une société démocratique. Sinon, il n'y a pas de solidarité possible, et pas de financement. La question relève évidement fondamentalement du contrôle.
Dans les colonies, la bourgeoisie métropolitaine et la bourgeoisie compradore
ne payaient pas d'impôts, avec la complicité du système
colonial ; de la même façon que la laïcité n'était
pas appliquée en Algérie dite française.
La question des recettes fiscales demeure aujourd'hui un problème majeur
dans toute l'Amérique latine, en Indonésie, en Inde, au Maghreb
, en Afrique, où la revendication essentielle de la bourgeoisie est de
ne pas payer d'impôts et d'avoir la mainmise sur les armes, la police
et l'armée, pour tirer à vue sur le peuple.
Depuis la mondialisation, c'est-à-dire la libre circulation des capitaux,
à partir de 82 en France, et de 79-80 aux USA et en GB, les grands de
ce monde planquent tous leurs revenus dans les paradis fiscaux lesquels ont
pris des proportions gigantesques délibérées et voulues.
C'est bien pourquoi les Etats laissent faire et encouragent. .
Dans la lutte contre " la dette publique ", l'immense erreur a
été, de ne jamais relier l'évasion fiscale, les paradis
fiscaux, avec la volonté de frapper très fort les petites gens
par des politiques de rigueur. On a discouru à la place sur l'origine
de la dette, la fabrication monétaire etc
et l'extrême gauche
parle de la "crise" au lieu de parler de la politique européenne
de rigueur qui organise la "crise".
CAHUSAC a parfaitement illustré ce problème, en faisant la politique
de rigueur décidée par la gauche tout en planquant ses revenus
à l'extérieur de la France. A ses yeux, il agissait pour la "
nation ", c'est-à-dire pour sa classe
.
Il faut revenir à l'origine de la création de l'impôt sur
le revenu. C'est à l'occasion de la guerre de 14-18, pour financer l'effort
de guerre de l'Etat que la loi institue cet impôt.
On peut en conclure que c'est donc un impôt totalement réactionnaire.
Mais c'est oublier qu'à l'époque, après la Commune de Paris,
il était impossible d'envoyer le peuple à la boucherie guerrière
sans exiger de la bourgeoisie qu'elle finance l'Etat majoritairement. Et ce
financement fut une avancée.
Donc l'Etat a fait trois choses pour avoir la paix sociale et obtenir l'union
nationale :
-Il fait voter la guerre par la social -démocratie
-il fait créer l'impôt sur le revenu
-il crée massivement de la monnaie contre les crédos libéraux
et liquide ainsi la classe des rentiers par l'inflation.
La partie de la bourgeoisie la plus dure voulait sucer le sang du peuple tout
en lui faisant financer la guerre. C'était politiquement impossible.
L'impôt sur le revenu est demeuré pour financer plus tard "
l'Etat Providence " dans le même objectif de paix sociale et pour
pouvoir exploiter le peuple avec l'aval des communistes ; sauf que les concessions
faites aux salariés ont ouvert une brèche. Il nous faut aujourd'hui
réclamer le contrôle sur l'impôt sur le revenu, et le contrôle
de son utilisation
Le reste, on le verra après
c'est le contrôle
des citoyens et salariés qui posera les bonnes questions, mais pas nous.
Le 12-4-13